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Dans un article bien informé, le média ActuaLitté revient sur la négociation des minima sociaux dans la branche de l'édition et l'accord qui en est sorti, non signé par la CGT.
Les négociations autour des minimas conventionnels dans la branche édition ont repris, après plusieurs années de blocages : il s'agit ni plus ni moins que de fixer les salaires minimums des salariés embauchés sous la convention édition. Selon l'annexe 13, récemment discutée, les salaires minimums du secteur dépasseront à peine le SMIC, menaçant l'attractivité des métiers selon certains.
Jeune salarié sous la convention de l'édition, votre salaire devrait être autour des 1499 € mensuels bruts, sauf volonté expresse de votre employeur. C'est ce qui ressort des négociations autour du barème des minimas conventionnels pour la branche édition : après plusieurs années de blocages des négociations, les syndicats des salariés et le Syndicat national de l'édition (SNE) ont repris les discussions.
« Techniquement, les salaires dans la branche font l'objet d'une négociation annuelle, dans le cadre des négociations obligatoires », nous explique Guillaume Goutte, secrétaire de la section des correcteurs du SGLCE-CGT, syndicat minoritaire. « Mais cela faisait 4 ans que les négociations étaient bloquées dans la branche », souligne-t-il.
Ainsi, « depuis quatre ans maintenant, les négociations sont bloquées par une délégation patronale qui, considérant comme anormal d’augmenter les salaires sans contrepartie, tente d’imposer un “deal” inacceptable : faites d’abord des concessions et j’accepterai de discuter », dénonçait l'intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT, Correcteurs précaires et FO SNPEP en ouverture du Salon du livre de Paris, en mars 2018.
« Le dernier avenant remonte à février 2014, et, chaque année, la CFDT invitait à renégocier les minimas », nous explique-t-on du côté du syndicat majoritaire de l'édition. Cette année, en début de négociation, « le SNE voulait initialement supprimer les minimas liés à l'ancienneté, au bout de 5, 10 ou 15 ans, ce que la CFDT a refusé ». Sur la nouvelle grille qui ressort des discussions, ces minimas sont finalement conservés, avec la seule suppression de celui pris en compte après un an d'ancienneté.
Sous la pression des syndicats, mais aussi des chiffres, avec un minima d'entrée pour les salariés alors inférieurs au SMIC, le SNE a finalement accepté de reprendre les négociations : un accord autour des minima conventionnels a ainsi été présenté aux organisations syndicales le 17 juillet dernier. Si la CFE CGC et la CFDT ont déjà signé l'accord, la Filpac-CGT a signifié son refus de le faire, considérant que les propositions du SNE n'étaient pas satisfaisantes.
Des minimas qui n'évoluent guère
« Les échelons E1 à E4 étaient placés dans l'illégalité jusqu'à maintenant, car maintenus en dessous du SMIC : pour faciliter les choses, le SNE a décidé de supprimer les échelons E1, E2 et E3 pour commencer directement à E4, dont le niveau est à peine supérieur au SMIC, à 1499 € », dénonce Guillaume Goutte. Moins d'échelons signifie aussi moins de marge de progression...
La CFDT a décidé de signer l'avenant, même si la revalorisation des minimas n'est pas à la hauteur, pour faire progresser la grille. « L'échelon E4 de la grille est juste au-dessus du SMIC, mais quand le SMIC sera revalorisé, il passera de nouveau en dessous », constate-t-on.
Selon les organisations syndicales, le SNE aurait aussi repris les négociations face à la présence du représentant du ministère du Travail pour arbitrer les échanges de la commission mixte paritaire. Une tutelle du ministère du Travail qui vient justement rappeler que le dialogue social, dans l'édition, reste difficile, car rarement suivi d'effets.
Des salaires plutôt à la hausse dans l'édition
Suite à la signature de la CFDT, l'accord est entériné pour l'ensemble de la branche, mais le SGLCE-CGT craint que les niveaux fixés ne réduisent l'attractivité des métiers de l'édition, « qui nécessite des formations de plus en plus longues et qualifiantes ». D'autant plus que les salaires des cadres « sont eux aussi très bas », souligne-t-on, avec « des perspectives d'évolution assez bouchées ».
« Pour les cadres, les minimas ne sont pas satisfaisants », signale la CFDT. « Les minimas d'entrée ont été revalorisés, avec 1927 € contre 1887 € pour l'échelon C1A, mais revalorisation des minimas à l'ancienneté, alors que les cadres constituent le cœur de métier de l'édition. C'est notre prochain combat. » La nouvelle grille fusionne aussi les catégories techniciens (T1 à T4) et agents de maîtrise (AM1 à AM4), à des fins de simplification — ce qui permet aussi de revaloriser significativement le minima des agents de maîtrise
Dans les faits, les salaires d'entrée dans l'édition sont souvent supérieurs aux minimas conventionnels, mais ces derniers constituent malgré tout un référentiel pour les entreprises du secteur : des minimas bas rendent plus difficiles des salaires d'entrée élevés. « Et ce manque de volonté pour la revalorisation des minimas se retrouve aussi pour les augmentations annuelles des salaires, avec peu de volonté, chez les employeurs, de revaloriser dans le cadre des négociations annuelles obligatoires, avec des hausses de 0 % à 1,1 % au maximum constatées cette année dans les maisons d'édition les plus généreuses », explique-t-on du côté de la CFDT. « On met facilement en avant les chiffres officiels de l'inflation basse, qui ne recouvrent pas la réalité des salariés. »
Nous avons tenté de joindre la commission sociale du SNE dans le cadre de la rédaction de cet article, sans succès.
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