Pour tous les correcteurs,
lecteurs-correcteurs et rédacteurs-réviseurs
Les correcteurs et correctrices se sont organisés en syndicat dès 1881 et ont rejoint la CGT en 1895. Aujourd’hui réunis en section de métier dans le Syndicat général du Livre et de la communication écrite CGT, nous avons pour vocation de fédérer et défendre tous les correcteurs, qu’ils travaillent dans la presse, l’édition ou la publicité, sous un statut salarié (TAD, pigistes) ou de microentrepreneur.
Au journal Le Monde, un collectif regroupant les pigistes de plusieurs services (des correcteurs, des pigistes de l'infographie, de la direction artistique, certains secrétaires de rédaction en piges, etc.) s'est monté ces derniers mois pour dénoncer la précarité qu'ils subissent et qui semble être la règle, au quotidien du soir, dans la gestion du personnel. Nous relayons l'appel qu'ils ont lancé à ce sujet, le 11 octobre 2017, décrétée pour l'occasion "Journée des précaires".
Ce 11 octobre à 16 h 48, nous cesserons de travailler jusqu’à la fin de l’année. C’est du moins ce que nous devrions faire pour adapter notre temps de travail à notre rémunération. Une autre façon de traduire la réalité serait de dire qu’à partir de cette date, et jusqu’à la fin décembre, les pigistes vont travailler pour des prunes.
Les moins mal payés des pigistes postés au Monde perçoivent 78 % de ce que gagne un titulaire, à travail égal. Le 11 octobre, 78 % de l’année se seront écoulés. C’est pourquoi nous avons choisi cette date pour en faire la Journée des précaires – sur le modèle de la journée de protestation contre les inégalités salariales entre hommes et femmes de l’an dernier – et attirer l’attention de tous sur diverses formes de précarité en vigueur dans ce journal.
Les effectifs du Monde présentent en effet une intéressante variété de précaires de tout acabit. Pigistes, salariés en CDD et désormais autoentrepreneurs, nombreux sont ceux, celles qui contribuent chaque jour à la fabrication et à la qualité du journal, souvent depuis des années, toujours moins bien rémunérés que leurs collègues titulaires et que ceux qui les ont précédés, sans jamais savoir de quoi le mois prochain sera fait. Certains services semblent de véritables laboratoires de la précarité : les effectifs comportent à la fois des pigistes, des employés en CDD et des free-lances. On s’étonnerait presque qu’il reste encore des salariés en CDI – mais on soupçonne que leur proportion va continuer de diminuer ces prochaines années, et le niveau moyen de rémunération dans la rédaction avec, cela va sans dire.
Ce précariat organisé installe l’insécurité sociale comme mode de gestion du personnel. Nous n’avons pas oublié ces collègues qui, après des années de loyaux services, ont disparu du jour au lendemain : telle éditrice en CDD à qui l’on a fait comprendre, au terme d’une série de contrats de plus ou moins longue durée, qu’elle ferait mieux de chercher du boulot ailleurs ; telle pigiste au long cours oubliée dans les « régularisations » ; tel autre, non pas employé mais « collaborateur extérieur » en free-lance, à qui on ne fait désormais plus appel… peut-être parce qu’il a eu l’outrecuidance de réclamer un contrat de travail ?
La précarisation de nos professions va de pair avec l’érosion du niveau des salaires qui touche d’abord les moins protégés, à commencer par ceux qui travaillent au Web. Ce secteur que l’on nous présente comme l’avenir du journal reste pourtant traité en parent pauvre, systématiquement plus mal loti que le papier dont on annonce la prochaine obsolescence. Ainsi, un même article écrit par un même journaliste sera payé 50 ou 65 euros le feuillet selon qu’il est publié sur le Web ou sur le print. Le low cost serait-il l’avenir du Monde ?
Notre collectif rassemble à ce jour plus de trente personnes, de neuf services différents, qui représentent la quasi-totalité des pigistes rémunérés à la journée. Nous réaffirmons notre revendication d’un tarif unitaire de 160 euros fixé par une négociation collective, assorti, s’il le faut, d’un « tarif d’entrée », d’un montant acceptable, sur une durée limitée. Nous invitons les précaires à s’unir et les titulaires à soutenir nos luttes présentes et à venir – aujourd’hui pour un revenu équitable, demain pour nos titularisations.
La négociation entamée en février entre direction et délégués syndicaux, à propos du montant des piges à la journée en ce qui nous concerne et de la rémunération du feuillet en ce qui concerne les correspondants-pigistes, a été suspendue pendant cinq mois. Elle reprend jeudi 12 octobre, au lendemain de cette première Journée des précaires. Nous voulons croire que cette coïncidence est de bon augure et que nous serons entendu-e-s.
Le Collectif des pigistes à Blanqui
pigistes.blanqui@gmail.com
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